La crise de la Covid qui touche la France aura bouleversé tous les codes que l’on connaît en matière d’organisation du travail. Le confinement a poussé les entreprises à démocratiser le télétravail qui est devenu la norme. Alors, le télétravail, quels avantages, quels inconvénients ? On vous en dit plus…
Occasionnel avant le confinement, le télétravail est devenu la norme à partir du mois de mars pour un quart des salariés en France. Réunions sur Zoom, Skype ou autre application devient la panacée. En avril 2020, 62 % des Français déclaraient dans une étude Deskeo vouloir adopter le télétravail post-confinement. Et on comprend pourquoi !
Le télétravail, une ère nouvelle
Originaire des États-Unis dans les années 50, le télétravail s’est largement diffusé en Europe dans les années 70. Avec Internet et l’explosion des nouvelles technologies, le phénomène s’amplifie.
En France, depuis 2012, le télétravail est encadré juridiquement. Le code du travail définit précisément le télétravail comme toute forme d’organisation du travail, dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur, est effectué par un salarié hors de ces locaux, de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication. À travers un dialogue social performant, le télétravail peut être encadré dans l’entreprise par un accord collectif ou une charte. En l’absence de charte ou accord au sein de l’entreprise, le télétravail peut être mis en œuvre par simple accord entre employeur et salarié.
Le télétravail, mieux concilier vies professionnelle et personnelle
Une des premières motivations des salariés à télétravailler est de réduire le temps passé dans les transports. Dans l’enquête Télétravail 2019 de l’Ifop pour Malakoff Médéric Humanis, c’est la réponse qui arrive en tête avec 54 % des réponses.
Dans le sondage interne qu’Orange a effectué en 2018 auprès de ses télétravailleurs (21000 occasionnels sur 29000 salariés en France), 76 % évoquent comme premier bénéfice le temps gagné dans les transports. Pour les salariés d’Île-de-France, dont les durées de trajet domicile-travail sont importants, le gain est particulièrement net.
Gain de temps dans les transports, les travailleurs peuvent gagner jusqu’à plusieurs heures de déplacements sur la journée, et donc gagner en sérénité. En évitant ces heures de transport, on gagne aussi des heures de sommeil, la fatigue et le stress en moins. Le travailleur qui reste à domicile s’économise sur le plan santé. D’ailleurs, dans la même étude d’Orange, 54 % des télétravailleurs parlent de fatigue en moins et 46 % disent être moins stressés.
C’est aussi un moyen de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle. On peut ainsi mieux s’organiser sur le plan familial, prendre des rendez-vous de manière plus flexible, consacrer plus de temps à sa vie quotidienne. 85 % des télétravailleurs interrogés dans l’enquête Télétravail 2019 apprécient cette flexibilité.
Beaucoup ont également l’impression de gagner en performance et en efficacité. Lorsqu’on travaille en open-space, un salarié peut être interrompu jusqu’à 140 fois par jour ! Plutôt que de s’éparpiller, de discuter régulièrement avec ses collègues ou à la machine à café, de multiplier les pauses, on se concentre plus facilement sur les tâches à faire dans la journée. Ainsi, dans l’enquête de l’Obergo sur les impacts liés au télétravail, 95 % des télétravailleurs déclarent bénéficier d’une meilleure qualité de vie personnelle et 86 % d’une meilleure productivité qu’en entreprise.
Pour les entreprises, le télétravail signifie aussi faire des économies. Frais d’entretien et de transports, les charges sont moins importantes. C’est aussi moins d’espace de bureaux à louer…
Le revers de la médaille
Le télétravail fait donc rêver, mais c’est sans compter les nombreux inconvénients qu’il implique. Manque de motivation, isolement, baisse du sentiment d’appartenance à l’entreprise… les revers sont nombreux !
Le premier est la zone floue qui apparaît entre vie personnelle et vie professionnelle. Sans espace au travail dédié, le salarié se retrouve à travailler dans un espace normalement consacré à sa vie personnelle. Le développement des pratiques de travail informelles, avec l’arrivée des smartphones, tablettes et autres nouvelles technologies, réduit cette frontière. C’est ce qu’on appelle le « travail gris » : lire ses e-mails professionnels, terminer de travailler sur des dossiers le soir chez soi ou pendant ses vacances… Ces pratiques multiplient le risque de burn-out et sont donc à éviter.
Le risque est donc de consacrer plus de temps à son travail que si l’on travaillait en présentiel avec des horaires définis.
Autres écueils ressentis par 54 % des télétravailleurs, l’isolement, la perte du lien collectif, l’absence de connexion. Le fait de travailler à distance provoque un éloignement entre le salarié et son supérieur ou ses collègues. Le rôle du manager est donc plus délicat et des méthodes et procédures adaptées à cette nouvelle organisation doivent êtres mises en place.
Pour certains, le télétravail peut être particulièrement difficile à vivre du fait de l’absence de contacts sociaux physiques, du manque de synergie dans le travail, et de la dynamique de groupe qui existe au sein des entreprises.
Le télétravail peut aussi présenter des risques pour la santé physique : sédentarité, prise de poids, voire insomnies, comme le met en lumière une étude de l’Organisation internationale du travail parue en 2017. Des risques qui ne concernent pas les salariés qui alternent avec des jours de travail au bureau.
Le télétravail, bien organisé et délimité présente donc de nombreux avantages, surtout s’il est pratiqué de manière intermittente au sein d’une entreprise. Il nécessite de la réflexion et un plan de mise en œuvre. Sinon, gare aux déconvenues… et aux problèmes de santé des salariés!